
Un déjeuner mitigé dans le 11ème arrondissement
Dans l’effervescence culinaire du 11ème arrondissement de Paris, un nouveau restaurant a récemment fait son apparition, promettant une cuisine originale et des assiettes à partager. Avec un chef japonais annoncé comme ayant fait ses armes dans une prestigieuse maison étoilée et un menu alléchant à prix abordable, l’établissement suscite la curiosité. Mais une visite sur place vient rapidement tempérer l’enthousiasme initial.
Une ambiance travaillée… mais un premier faux pas
Dès l’entrée, la décoration séduit par sa sobriété élégante. Une grande table en bois brut trône au centre de la salle, conférant une ambiance chaleureuse et contemporaine. Pourtant, l’agencement dévoile une première déception : le comptoir, bien qu’accueillant, ne donne ni sur la cuisine ni sur un bar, privant ainsi le client de l’interaction souvent appréciée avec les coulisses du restaurant. La carte, quant à elle, propose une sélection de petites assiettes à partager, oscillant entre 12 et 16 euros. Cependant, dès la première bouchée, les promesses d’une explosion de saveurs s’évaporent.
Des compositions audacieuses mais peu convaincantes
Les premiers plats arrivent rapidement, mais l’association des saveurs laisse à désirer. Voici quelques exemples marquants :
- Un gravelax de daurade au kiwi et curry : visuellement séduisant, mais gustativement déséquilibré. Les saveurs puissantes et discordantes masquent complètement le goût délicat du poisson.
- Un œuf mollet servi avec de la pomme verte et un crumble au parmesan : l’ensemble manque de sel et de poivre, tandis que la douceur acidulée de la pomme se heurte au goût intense du fromage. L’harmonie est absente.
- Une tomate ananas accompagnée d’une confiture au curry et d’une émulsion fumée : une tentative de jeu sur le sucré-salé qui vire au sucré-sucré, rendant le plat presque dessert.
Si le dressage des assiettes est souvent soigné et « Instagrammable », leur contenu peine à convaincre, à cause d’un manque flagrant d’équilibre et de cohérence dans les saveurs.
Un plat ludique mais toujours déséquilibré
Le tartare de bœuf, présenté dans un cornet maison, se veut ludique avec des consignes précises pour le déguster. Pourtant, une fois la surprise passée, les problèmes persistent : le cornet est sucré, créant une dissonance qui peine à séduire. Là encore, le manque d’assaisonnement, notamment d’épices, rend l’expérience monotone et frustrante.
Des points positifs qui ne sauvent pas l’expérience
Tout n’est pas sombre pour autant. La carte des vins est bien pensée, avec de belles références comme un Auxey-Duresses ou un blanc de Marcel Richaud. Le dessert, une pêche pochée à la verveine, remonte légèrement le niveau grâce à un jeu agréable de textures et une exécution plus maîtrisée. Cependant, ces quelques points positifs ne suffisent pas à compenser l’ensemble de l’expérience. Le service, bien que sympathique, manque parfois de professionnalisme, comme en témoigne l’incapacité du serveur à répondre à une simple question sur le café servi.
Un bilan décevant
Avec une addition qui grimpe rapidement – 88 euros pour cinq petites assiettes et deux verres de vin – et une cuisine qui ne tient pas ses promesses, cette adresse peine à s’imposer dans un quartier où l’offre culinaire est particulièrement riche et compétitive. Les tentatives d’originalité tombent à plat, les saveurs ne s’accordent pas, et l’absence du chef annoncé en cuisine ajoute une couche de frustration. En somme, malgré un cadre agréable et une carte des vins intéressante, l’expérience laisse un goût amer. Une adresse à revoir, pour ceux qui oseront y retourner.