Ortolans: Les oiseaux de fête au destin tragique


Les ortolans, ces tragiques oiseaux de fête

Une dernière dégustation pour François Mitterrand

Le réveillon du 31 décembre 1995 restera gravé dans la mémoire de nombreux Français. Non pas pour une raison de festivités bruyantes ou de cotillons multicolores, mais parce qu’à quelques centaines de kilomètres de là, un homme, un ancien président, François Mitterrand, malade et fatigué, s’apprêtait à partager son dernier réveillon. On murmure que même le champagne avait un goût de nostalgie cette nuit-là.

Latché, centre du monde pour une soirée

À Latché, dans les Landes, ce soir-là, François Mitterrand était accompagné de sa femme, Danièle, ainsi que de plusieurs de ses proches, dont Christine Gouze-Rénal, sa belle-sœur, Roger Hanin, son beau-frère, Pierre Bergé, le PDG d’Yves Saint-Laurent, sans oublier Henri Emmanuelli, un autre politicien, et Jack Lang, l’architecte de sa politique culturelle.

Un réveillon pas comme les autres

Une atmosphère particulière planait sur ce réveillon : la maladie que François Mitterrand savait incurable. Arrivé à l’écart de la table, c’est avec le soutien de son médecin et d’un gendarme qu’il s’est installé pour ce qui semblait être un réveillon comme tous les autres.

Les Ortolans, acteurs principaux de cette soirée

La tradition du Sud-Ouest étant respectée à la lettre, les ortolans ont fait leur apparition, apportés par ce même gendarme. Ces petits oiseaux, protégés et donc illégaux à chasser, avaient pourtant été amenés par Emmanuelli suite à une petite pirouette de la loi.

Le rituel de l’Ortolan

Comme il est coutume lorsqu’on déguste des ortolans, Mitterrand s’est couvert la tête d’une serviette. Après en avoir dégusté non pas un, mais deux spécimens, il a doucement repoussé son assiette. C’est à ce moment-là que le silence a enveloppé la pièce. Le regard du président, habituellement si pétillant, trahissait un mélange de tristesse et de résignation.

Dernier adieu

Une semaine plus tard, le 8 janvier 1996, François Mitterrand décède. On peut supposer que son dernier repas d’ortolan, malgré la controverse qu’il a suscitée par la suite pour des raisons écologiques, a été pour lui une façon de se rappeler les saveurs de son enfance et de se préparer à son départ.

Une note de nostalgie

Ce repas, qui a beaucoup fait jaser après la mort de l’ancien président, montre combien nous sommes parfois prêts à braver les interdits pour savourer un instant de nostalgie, même si cela signifie de nous mettre dans de beaux draps … ou devrions-nous dire dans de belles serviettes ?