La longévité remarquable de la galette des rois
Qui a dit que les traditions étaient éphémères ? Certainement pas l’ardent amateur de galette des rois que je suis ! Les disciples du goût et de l’histoire font la connaissance de cette pâtisserie intemporelle chaque année, dès la fin novembre, jusqu’en février. Vous l’aurez compris, l’Epiphanie, célébrée au début janvier, n’est qu’un prétexte pour déguster cette gourmandise. Sa présence sur les étagères de nos boulangeries durant plus de deux mois atteste de l’enthousiasme qu’elle suscite. Et l’on se demande parfois quelle est cette force mystérieuse qui maintient la galette des rois sur le trône de nos papilles ?
Thierry Marx, une étoile filante dans le monde culinaire, nous donne un indice. Pour lui, c’est simple comme une part de galette : “C’est bon, c’est du partage”. Eh oui, qui résisterait au charme alléchant de cette pâte feuilletée savoureuse et de ses généreuses couches de crème d’amandes ou de noisettes ? Dans le Sud, la couronne briochée garnie de fruits secs donne aussi du fil à retordre aux puristes de la date réelle de l’Épiphanie. Qui suis-je pour juger ? De toute façon, ces deux mois de plaisir sucré sont béatifiés par tous les professionnels de la pâtisserie.
Homage royal… euh, républicain, de la galette
Thierry Marx répète souvent les propos de son maître d’apprentissage : “Quand c’est la galette, c’est la galette pour tous !” Une belle manière de signifier que la période de la galette est l’apothéose d’une célébration commençant par Noël et se terminant en beauté avec cette pâtisserie. Elle représente non seulement un pic économique pour les commerces, mais aussi une vitrine pour la profession. Incarner ce double intérêt est l’objectif potentiel du président des boulangers de France lorsqu’il offre symboliquement une galette au chef de l’État.
Comme l’explique Thierry Marx, le rôle de cette pratique est de “défendre les métiers de bouche”. Le but ultime est de fomenter pacifiquement sur l’économie, le coût de l’énergie ou encore le manque de main d’œuvre dans l’artisanat. Comme quoi, une galette n’est pas seulement une galette !
Notons qu’il y a une curiosité concernant cette galette présidentielle : elle ne cache pas de fève. Mais ne sautez pas aux conclusions, amis monarchistes; ceci n’est pas une atteinte à notre tradition, mais un geste préventif intelligent. En effet, les anciennes fèves haricots ont été remplacées par des fèves en dur précisément pour éviter aux gourmands de les ingurgiter, et de ce fait, d’échapper à payer leur tournée !